• La Saint-Valentin et moi...

    Aujourd'hui, c'est le jour "guimauve". Le jour des z'amoureux, parait-il. Le jour où on voit fleurir des messages mièvres, où les hommes dévalisent les fleuristes, les bijoutiers, les parfumeurs, où les restaurants proposent des menus spéciaux, etc. Le jour aussi où les célibataires sont censés déprimer, se morfondre, pleurer sur l'injustice du monde, ou participer à des soirées "pour célibataires", pour précisément ne plus déprimer l'an prochain à la même époque.

    Et moi, dans tout ça, je me situe où ?? 

    Je n'en sais fichtrement rien. Pas du côté déprime, ça c'est clair et net. J'ai toujours été célibataire, je n'ai jamais eu l'ombre d'un flirt, ni à l'adolescence ni après, et je n'ai jamais éprouvé de manque ou d'envie. Et quand bien même j'aurais eu une vie amoureuse, eh bien, franchement...je trouve cette "fête" assez vide de sens. Comme si les amoureux avaient besoin d'un jour spécial pour manifester leurs sentiments à leur moitié... On me dira, je dis ça par manque d'expérience, parce que je n'ai jamais connu "l'émoi amoureux" et que forcément je suis insensible au côté romantique de l'affaire. Peut-être. Peut-être pas. Je le reconnais bien volontiers, je n'ai jamais eu la fibre sentimentale. Quand les petites filles rêvaient d'un prince charmant devant les dessins animés de Walt Disney, moi je m'imaginais en train de traquer les criminels avec Rick Hunter ou Hooker...

    Ces deux dernières années, j'ai tenté de m'ouvrir un peu à cette dimension amoureuse, parce que quelque part je suis consciente que, dans le futur, je pourrai peut-être être amenée à regretter ce mode de vie qui est le mien. J'avais mentionné ici mes quelques expériences avortées. J'ai tenté de me réinscrire sur des sites de rencontre confidentiels, spécial geeks, spécial asexuels, bref, des sites qui sur le papier me correspondent. Mais depuis quelque temps, je fais un blocage complet à l'idée d'être inscrite sur ce type de support. J'y reste grand maximum deux jours avant d'effacer mon profil et de disparaître. Pas parce que je n'assume pas d'y être inscrite. Mais parce qu'au fond ma démarche me parait vraiment trop vide de sens. Je ne m'y inscrit pas parce que je rêve de trouver "le Grand Amour" mais juste parce que... eh bien... parce que, je crois, j'essaie de me "forcer" à m'intéresser au sujet. Ce qui n'est pas bien malin, parce que j'imagine que le sentiment amoureux, ça existe ou ça n'existe pas, mais ça ne peut pas se "créer" de toute pièce sur la peur d'un éventuel manque futur.

    La vérité, c'est que je ne me vois pas vivre en couple. Même sans parler de vivre sous le même toit. Partager mon temps libre avec quelqu'un, devoir faire des concessions de temps en temps, être obligée de discuter et de demander à l'autre de me raconter ses journées quand je n'aspirerais qu'au silence, devoir supporter une proximité physique (même occasionnelle), devoir entretenir la flamme en ayant des petites attentions pour l'autre... Tout ça me parait bien contraignant, et pas du tout, du tout proche de mon caractère et de mes attentes.

    Evidemment, les éternels optimistes, ceux pour qui ma situation est "déprimante" et pour lesquels il est inconcevable que je m'épanouisse dans la solitude, sont toujours là pour me dire que c'est parce que je n'ai pas rencontré "la bonne personne".

    Moi, je n'y crois pas. J'ai déjà été draguée. J'ai déjà échangé avec des hommes dont le profil se rapprochait du mien et qui me manifestaient de l'intérêt. Et ? Eh bien, je n'y ai jamais donné suite. Parce que, toujours, il manque cette envie. Personne ne pourra la faire naître d'un coup de baguette magique. J'ai toujours été le genre de personne à s'épanouir dans le silence et la solitude. Les amis, les sorties, la famille, ça ne m'a jamais attirée, au contraire, ça m'a toujours mise en fuite. Rien que le côté "aller boire un café" me rebute. Parce que pendant que je serai attablée avec l'homme qui m'aura invitée, je serais en train de ruminer sur le fait que ce temps de pause aurait été plus plaisant si je l'avais passé toute seule chez moi, avec un bouquin, un puzzle, un jeu vidéo ou un DVD. Sans compter que dans ce genre de contexte, j'aurais clairement l'impression de jouer un rôle, d'être hypocrite, de mentir à l'autre qui penserait que je suis heureuse de passer un moment en sa compagnie... Je joue un rôle en permanence dès que je sors de chez moi pour aller au travail, et je me refuse d'endosser encore un autre rôle quand il s'agit de ma vie personnelle.

    Du coup, ces histoires de Saint-Valentin me font doucement rigoler. Surtout quand on me sort (de plus en plus rarement, heureusement !) des phrases toutes faites du style "je te souhaite que ce soit ta dernière Saint-Valentin en solo". Les gens, parfois, devraient se renseigner avant de parler !

    Cependant, le plus dur à gérer pour moi, ce sont les femmes célibataires et frustrées de l'être qui, me sachant célibataire moi aussi, pensent que je vais partager leur détresse et leur désespoir. Et qui me prennent en grippe quand elles réalisent qu'en fait je suis bien contente d'être comme je suis. Avec le temps, j'ai appris à ne plus trop claironner sur les toits que j'étais heureuse dans mon célibat, juste pour éviter de nourrir les rancœurs de mes collègues qui souffrent de leur situation...et qui semblent considérer qu'il est impossible de s'épanouir quand on est seul(e).

    Avouons-le, au final elles ne m'agacent même plus, elles me font juste pitié... Parce qu'elles n'ont pas compris l'essentiel : le bonheur est une notion égoïste qu'on peut très bien cultiver en solitaire. D'autant qu'une petite partie de moi reste persuadée qu'il est impossible d'être heureux à deux quand on n'est déjà pas capable de l'être quand on vit seul...

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