• Il semblerait que les femmes Asperger soient moins facilement diagnostiquées que leurs homologues masculins. Pourquoi ? Mystère ! Peut-être parce qu'on a tendance à les prendre moins facilement au sérieux. Ou parce qu'elles "camouflent" mieux leurs différences et leurs angoisses. Parce qu'elles ont tellement à gérer (notamment quand elles sont mariées, mères de famille) qu'elles "s'oublient" et nient leurs différences jusqu'au jour où elle devient trop envahissante...

    Voici une liste non officielle, rédigée par Samantha Craft, autiste Asperger diagnostiquée à l'âge adulte, et elle-même mère d'un jeune homme Asperger, dans Everyday Asperger’s en mars 2012... Cette liste reprend des caractéristiques fréquemment trouvées chez les femmes Asperger. J'ai décidé de surligner en rouge les points dans lesquels je me reconnais, et de les commenter au fur et à mesure.

    Traduction par Véronique Laurent d'un texte qu'on peut trouver à cette adresse: http://aspergersgirls.wordpress.com/2012/03/31/day-62-females-with-aspergers-syndrome-nonofficial-checklist/

    Liste trouvée sur le blog "Dans les Fleurs"...

    Attention, c'est LOOOOOOOOOOONG !

    (presque aussi long qu'un Chihuahua-Saucisse...)

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  • Dans le "package" Asperger, quelqu'un a eu la mauvaise idée d'inclure ma grande copine l'anxiété. Franchement, si vous me demandez mon avis, on s'en serait bien passé ! Parce que, qu'on se le dise, l'anxiété, c'est la plaie, et je ne dis pas ça juste parce que ça rime !

    D'aussi loin que je me souvienne, j'ai TOUJOURS été anxieuse, angoissée, nerveuse, stressée, prenez le synonyme que vous voulez ! Évidemment, à 7 ans, j'aurais bien été en peine de vous l'énoncer clairement. Je savais juste que, parfois, souvent à l'école, je ne me sentais pas bien. J'avais le tournis, des suées, des tremblements, la gorge nouée, le ventre en vrac... Je ressentais un gros mal-être général, mais comment l'exprimer ? J'ai mis des années à comprendre d'où ça venait. J'ai passé toute ma scolarité dans un état de quasi-panique permanent. Rares étaient les jours où je me sentais bien du début à la fin de la journée. Au mieux, je me sentais "mal à l'aise". Au pire, j'avais des crises d'angoisse que je ne comprenais pas. Et parfois même, joie suprême, je tombais dans les pommes.

    Il a fallu que j'atteigne l'âge adulte pour entendre parler de "crise d'angoisse" et "d'attaques de panique". Surprise, je rentrais totalement dans le tableau clinique. Tous mes symptômes bizarres et mystérieux s'intégraient dedans. Je n'avais jamais clairement abordé le sujet avec mon médecin. Pour être franche, je ne l'ai toujours pas fait, parce que sa seule solution, ce sont les anti-dépresseurs et les somnifères, et que moi, je REFUSE catégoriquement d'y toucher. Je précise ici que c'est un choix personnel, et que je ne dénigre en rien ces médicaments. Simplement, je ne me reconnais pas dans ces traitements, et je préfère gérer mon angoisse toute seule, quitte à parfois en souffrir, plutôt que de recourir à une béquille chimique.

    Il m'a fallu encore quelques années pour comprendre l'origine de cette anxiété : chez les Asperger, c'est quasiment un trait de caractère ! J'ai toujours tendance à répéter que tous les Aspies sont différents. L'anxiété, c'est l'exception qui confirme la règle. C'est là encore un critère de diagnostic. L'anxiété sociale, notamment, mais pas uniquement. Récemment, j'ai lu qu'un Asperger se préparait toujours au pire. Tout le temps, tous les jours. Et encore une fois, je n'ai pu qu'acquiescer, car c'est ce que je ressens en permanence : l'impression d'être tout le temps sur le qui-vive ! Au quotidien, c'est épuisant. Et c'est un vrai cercle vicieux. Parce que l'anxiété, ça s'auto-nourrit, si j'ose dire. Ça génère de la fatigue, qui génère de l'inquiétude ("suis-je malade ? est-ce normal d'être aussi fatigué ?") qui génère une sensibilité à l'environnement, qui lui-même est source d'angoisse, et qui finit par causer un état de stress, qui affecte le sommeil, le mode de vie, le quotidien... Bref. L'anxiété génère l'anxiété, et au final, quand la coupe est trop pleine, on dit bonjour qui ?! BONJOUR LA CRISE D'ANGOISSE ! Dans le meilleur des cas... Car sa copine L'ATTAQUE DE PANIQUE peut s'inviter à sa place, et pour l'avoir testée à quelques reprises, franchement, ce n'est pas agréable du tout !

    Personnellement, je sais que si j'ai le malheur de me fixer trop longtemps sur les conséquences de mon état anxieux, je vais délirer et m'inventer des tas de maux dramatiques. Je vais me surveiller à l'extrême, me fixer sur des choses idiotes ("ah mon dieu j'ai les yeux rouges c'est affreux je dois être malade !") et y laisser une bonne partie de mon énergie. C'est là que commence le fameux cercle vicieux cité plus haut. Parce que du coup je vais être encore plus fatiguée, et je vais être encore plus angoissée, jusqu'au point de non-retour qui se traduira par une jolie crise d'angoisse, généralement sortie de tout contexte, et que j'essaie de camoufler tant bien que mal !

    J'ai noté que mes crises d'angoisse survenaient à des moments précis. Par exemple, quand je décompresse d'un coup. Ou à l'inverse quand je suis pressée de déconnecter et que l'attente est trop longue. Par exemple, là, j'attends impatiemment mes vacances, j'ai l'impression qu'elles n'arriveront jamais, et du coup je suis horriblement stressée, et ça génère des crises d'angoisse. Qui vont me fatiguer. Et me transformer en zombie quand les vacances seront enfin là. Youpi !

    Je me suis fait une raison : je SAIS que je ne serai jamais zen, détendue, relaxée. C'est comme ça, il faut l'admettre, et pour autant il ne faut pas faire de cet état anxieux une fatalité ! Il faut trouver le juste milieu. Savoir accepter sa nature anxieuse, tout en essayant de la contrer le mieux possible. Il convient de ne SURTOUT PAS céder à la tentation de s'écouter. Quand je sens monter une crise d'angoisse, j'ai envie de me la jouer tortue planquée dans sa carapace. Si je m'écoutais, je resterais chez moi, cachée. A la place, je vais bosser, je fais semblant d'aller bien, et au final je me focalise sur autre chose et...surprise, je finis par aller bien pour de vrai ! Même si le soir je suis totalement crevée, car l'angoisse est un vampire qui pompe toute notre énergie, je me dis qu'elle n'a pas gagné la partie, que j'ai réussi à être la plus forte ! Et c'est bien là l'essentiel !


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  • Il y a un terme que l'on retrouve dans tous les textes qui abordent Asperger : les intérêts restreints. C'est même un des critères de diagnostic. Et franchement, au départ, j'ai eu du mal à me rendre compte que j'étais concernée (et pas qu'un peu) par cette problématique ! C'est en faisant une liste de mes passe-temps passés et présents que la vérité m'a sauté aux yeux ! Car au fond, mes centres d'intérêt n'ont jamais évolué depuis mon enfance. Lecture, écriture, puzzles, ordinateurs... Quelques petits nouveaux ont émergé vers l'adolescence : criminologie, Anglais. Et plus tard : jeux vidéos (essentiellement parce que j'ai attendu ma première paie pour m'offrir une console)...

    Oui, je sais, au final ce n'est pas si "restreint" que ça (même si on remarquera que toutes ces activités peuvent s'exercer en solitaire !). Et du coup je ne me croyais pas concernée. Jusqu'à ce que je réalise que le terme "restreint" était trompeur. En fait, il est tout à fait possible d'avoir de nombreux centres d'intérêt. Mais à certains moments, un intérêt ressort du lot et prend un peu des allures d'obsession. Pour devenir un intérêt restreint.

    Et là...c'est tout à fait moi !

    Prenez la lecture. Quand je passe en mode "mordue", je me mets à acheter. Des TAS de livres. J'ai environ 500 livres qui stagnent dans ma "PAL" (Pile A Lire) et ça ne m'empêche pas de continuer à en acheter. Quand j'étais en mode "Doctor Who", j'ai acheté TOUS les romans dérivés de la série. Tous, sans exception. Ce n'est même pas de la collection, mais vraiment de la compulsion. Sur le moment, il me les faut, ça ne se négocie pas ! Idem quand je m'intéresse aux jeux vidéos : je passe mes soirées à y jouer et j'achète tous les jeux qui me font de l'oeil, alors même que j'en ai déjà vingt qui attendent que je m'intéresse à eux ! Depuis dix jours, je suis repartie dans une phase "Sims" et du coup j'ai même racheté un ordinateur pour y jouer !! Une énorme unité centrale, une bête de course, sélectionnée pour que le jeu tourne à la perfection dessus... Et j'ai acheté des tas d'extensions, de villes, etc. Me connaissant, ça va me passionner un mois à tout casser, puis ça retombera comme un soufflé jusqu'à la prochaine crise !! Mais ça, je dirais, c'est encore la partie inoffensive , même si parfois j'avoue que je culpabilise un peu devant l'étendue du désastre, ça ne suscite aucune angoisse, aucune anxiété.

    Par contre, certains intérêts restreints sont anxiogènes. Prenez mon intérêt morbide pour la criminologie, et plus particulièrement pour les tueurs en série ET la médecine légale. Je suis capable de tourner de l’œil à la vue d'une toute petite goutte de sang. Et je peux lire sans broncher des ouvrages professionnels sur la médecine légale, avec photos d'autopsies réelles, sans me sentir mal. Euh. Je peux également passer une soirée complète à regarder des émissions sur l'actualité criminelle. Pas du tout par voyeurisme ou par fascination, mais parce que je cherche à comprendre, à analyser.

    Il n'y a pas si longtemps, je me suis prise d'intérêt pour...Ebola. Je sais, c'est bizarre. C'était devenu particulièrement envahissant, je lisais TOUT sur le sujet, je suivais la page FaceBook du CDC, je collectais toutes les infos sur le sujet. A tel point que j'ai fini par virer parano. Je dégainais le gel hydroalcoolique toutes les dix secondes, je ne touchais plus à rien dans la rue (des fois qu'Ebola m'aurait guettée sur le bouton d'appel du feu rouge, sait-on jamais !), et je me tenais à distance respectueuse des gens grippés. Rétrospectivement, évidemment, je me rends compte que c'était crétin. Mais sur le coup, j'étais tellement immergée dans mes recherches que je n'arrivais plus à penser à autre chose. Au final, j'ai passé dix jours à me stresser toute seule, au point d'en avoir des insomnies ! Idiot, vous avez dit idiot ?

    Je fonctionne vraiment par phase. Je vais m'intéresser exclusivement à quelque chose, puis l'effacer totalement de ma mémoire pour un mois, six mois, deux ans...puis je vais finir par y revenir en occultant tout le reste !

    Après, tout n'est pas négatif dans cette histoire d'intérêts restreints. Par exemple, la gestion de mon argent fait partie de mes intérêts restreints. Heureusement, d'ailleurs, parce que ça permet de limiter les dégâts au niveau achats compulsifs ! Je connais plein de combines pour gagner de l'argent, surtout sous forme de chèques-cadeaux, ou encore pour tester gratuitement des produits (j'ouvrirai d'ailleurs une rubrique là-dessus...). Je suis une maniaque du compte en banque, je fais des rapprochements bancaires matin ET soir. Bon, on va dire que c'est une déformation professionnelle : je suis comptable. Enfin, comptable, c'est un bien grand mot vu que je n'ai aucune qualification, mais il n'empêche que c'est bien l'intitulé de mon poste.

    Autre exemple : l'Anglais. J'étais d'une nullité navrante en classe, car la méthode utilisée par les profs ne me convenait pas du tout. Je me suis remise à niveau avant le bac, en achetant des manuels et surtout en commençant à correspondre avec des Américaines. Je me souviens de l'air outré de ma prof quand elle m'a rendue ma toute dernière copie. J'avais 16. Jusque là, je n'avais jamais la moyenne. Elle m'a demandé : "Mais pourquoi as-tu attendu aussi longtemps ?" Pourquoi ? Parce que mon intérêt pour la langue était personnel, et que j'étais donc motivée. Quand on voulait m'obliger à m'y intéresser, ça ne m'intéressait pas ! Mais quand c'est devenu quelque chose de personnel, j'ai découvert que ça me passionnait ! Maintenant je suis quasi bilingue, même si évidemment, faute de pratique, je parle Anglais comme une vache Espagnole (j'ai un accent épouvantable). Je voudrais faire un séjour linguistique mais j'avoue que j'hésite depuis des années, principalement parce que j'ai tendance à me sentir mal dès que je sors de ma zone de confort. Je pense que j'en parlerai dans un autre post, un de ces jours. Je peux lire des romans entiers en Anglais, sans dictionnaire. Je peux surfer sur des forums anglophones (je fréquente notamment Aspies Central, qui est un espace de discussion très convivial...) et m'exprimer sans mal. J'ai d'ailleurs toujours des correspondantes Américaines et Anglaises. Je regarde toutes mes séries en VO (généralement avec le sous-titrage en anglais, parfois sans sous-titrage du tout)... Bref, si je parais un peu obsédée par la langue anglaise, il faut quand même admettre qu'à l'arrivée il n'y a que des points positifs !

    Mais évidemment, pour l'entourage, ça peut vite paraître bizarre, voire "gonflant" quand on commence à parler en boucle de ce qui nous intéresse, sans prêter attention aux différents signaux qui prouvent pourtant bien que Tartampion, en face, se fiche totalement de ce que vous lui racontez ! Encore qu'en ce qui me concerne, ma nature solitaire m'évite un peu ce type de débordements !


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  • Je viens de découvrir par hasard un webdoc très bien conçu sur Asperger...

    Je vous invite à aller le visiter d'urgence !

    http://www.syndromedaspergerlewebdoc.fr/

    cool


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  • J'ai du mal avec la beauté. Clairement. Chez moi, personne n'est beau. Personne n'est moche. J'imagine que ça explique pourquoi je n'ai jamais éprouvé le moindre coup de cœur pour un homme. Pourquoi j'ai toujours été foncièrement incapable de faire un compliment. Je remarque les détails, une nouvelle coiffure, un vernis à ongle original... J'approuve la nouveauté, l'originalité, mais pas l'esthétisme. Parce que je ne le vois pas.

    Et du coup, conséquence logique et prévisible, ma propre apparence est quelque chose qui m'indiffère un peu. Attention, je suis maniaque sur certaines choses, les cheveux, la peau, ce genre de trucs, mais ça reste une préoccupation "sanitaire" et rien de plus.

     

    Ces derniers temps, je me suis efforcée d'analyser le rapport biscornu que j'avais avec ma propre image. Mon poids, notamment. Si on s'en fie à Mister IMC, je ne suis pas seulement ronde, je suis en "surpoids avéré", c'est limite si le machin ne m'inviterait pas à commander dare-dare un cercueil ! Si on en croit ma mère, je suis carrément trop grosse (ah, la délicatesse maternelle...). Je ne suis pas aveugle. Je sais que j'ai des kilos en trop. Je mesure 1,57 mètres. Je fais présentement 67 kilos, j'en faisais 75 il n'y a pas si longtemps. Je mets du 42/44. Et ?

    Avoir honte de son poids ? pas pour moi !Bah rien. D'ailleurs, ça surprend toujours énormément (sans jeu de mot) les gens quand j'annonce franchement mon poids et ma taille de vêtements. Bah... Pourquoi je ne le ferais pas ? Je ne vais pas jouer la carte du secret d’État, le premier anonyme venu qui me croise dans la rue va forcément remarquer que je ne suis pas un squelette ambulant. Et puis...je n'ai pas honte. J'assume. Enfin, non, pour dire les choses comme elles sont, ce n'est pas seulement ça. Je crois qu'au fond, ça ne m'intéresse pas. Je suis ronde ? Et puis ? Je ne mange pas n'importe comment, j'ai un appétit de moineau, je marche entre deux et trois heures par jour. J'estime que j'ai un mode de vie plus sain que celui de 80% des gens qui m'entourent, qui avalent pizza sur pizza en passant leurs après-midis devant un programme abrutissant. Alors oui, malgré ça, je suis ronde. Qui est le coupable ? Une génétique antipathique ? Une alimentation moins équilibrée que je ne le crois ? Quelques mauvaises habitudes, comme mon apéro quotidien le soir ? Un peu de tout ça, je pense. Au fond, la réponse m'indiffère un peu.

     

    Anecdote rigolote : il y a dix ans, je faisais  72 kilos. Et pour une raison bizarrement explicable, un jour, j'ai décidé de maigrir. Sans faire de régime draconien, mais en supprimant tout le superflu, et surtout en faisant une à deux heures de sport intensif tous les soirs, sans exception. J'ai perdu 10 kilos. D'ailleurs, Mister IMC me disait encore que j'étais trop grosse, que mon poids idéal devait tourner autour des 53 kilos (seriously? Je vous dis qu'il veut ma mort, ce bidule !)... Autour de moi, je ne récoltais que des compliments. Et des questions avides de gens pressés de connaître la formule magique. Je faisais du 40, parfois même j'arrivais à entrer ma couenne dans du 38 mal taillé. Tout le monde était content pour moi. Sauf moi. Pourtant, l'initiative venait de moi, mais...avec le recul, je me rends compte que ce n'était pas si simple. j'essayais juste de rentrer dans une norme. Ayant toujours traîné une étiquette de différence "comportementale", je n'acceptais pas l'idée d'en avoir une autre, une différence physique, visible au premier regard, identifiable en deux secondes. Ma décision n'était pas ma décision, au fond, c'était juste une tentative inconsciente de coller "au moule". De tromper l'ennemi, en somme. De parader sous un faux masque de normalité. Cela, je ne m'en suis pas rendue compte de suite. Il a fallu que je reprenne mes fameux dix kilos perdus et que je mûrisse intérieurement pour le réaliser.

     

    Heureusement pour moi, je n'avais pas fait de régime extrême, j'ai évité l'effet yoyo tant redouté. J'ai repris mes kilos petit à petit. Suite à une méchante cruralgie qui m'a laissée boitillante pendant deux mois, j'ai été obligée de dire adieu à mes séances de sport quotidiennes. Fini le stepper et le vélo d'appartement. J'ai repris un, puis deux, puis trois kilos. Et j'ai réalisé quelque chose de bizarre : finalement, je me sentais mieux ! J'étais en accord avec moi-même, je me sentais "vraie", et quand je me regardais dans la glace, je ne voyais pas juste une coquille vide, une enveloppe superficielle, je me voyais MOI. Je ne portais plus ce masque étrange que les autres semblaient apprécier, et je ne m'en sentais que plus libre.

     

    Je suis donc revenue à ce "surpoids" que tous les magazines diabolisent. Dans ma tête, il y a une limite très claire que je ne veux pas franchir, et c'est pour ça que je refais attention à mon alimentaire, et que je suis repassée sous la barre des 68 kilos... Je vise les 65 kilos, peut-être les 63 si mon corps le tolère. C'est ma seule limite, qui n'a rien à voir avec un quelconque souci d'apparence, mais qui est juste, encore une fois, une considération bêtement sanitaire. J'ai une activité physique régulière et contrairement aux idées reçues sur les "ronds", je ne suis pas du genre à engloutir une tablette de chocolat en un quart d'heure. Dans mes placards, il y a encore des chocolats de 2013. Pour dire. Je prends un sucre par jour, pas plus, pas moins. Le matin avec mon lait nature. Bref, d'une certaine façon, je fais attention, mais pas pour une raison esthétique. Je m'en fiche d'avoir des rondeurs. De ne pas être "conforme à la norme". Parfois j'entends un petit ricanement sur mon passage. Et ça me fait limite sourire. Car celui qui ricane de la différence de l'autre se croit fort, alors qu'il est faible, soumis à la pression sociale, formaté pour des normes qu'il s'efforcera d'atteindre toute sa vie. Tout sauf libre.

     

    Malgré tout, malgré cette rondeur assumée et cette incapacité à apprécier l'esthétisme, je pense être coquette. Un peu trop parfois. Parce que les deux choses associées (rondeur et coquetterie) font ressortir cette différence que j'ai cherché à cacher pendant un temps. Une ronde qui sort en robe courte en plein hiver, ou qui n'a pas peur d'afficher ses formes (sans indécence ni vulgarité, j'y veille toujours !) ça surprend ! On attend des femmes rondes qu'elles se cachent sous des vêtements larges, informes, qui les transforment en fantômes urbains indignes d'attirer l'attention.

     

    Je sais que je passe souvent pour la "snob de service". Surtout au travail. Parce que je change de tenue tous les jours, que je coordonne mes chaussures à la couleur de mes vêtements, que parfois je m'amuse à débarquer maquillée des paupières jusqu'aux ongles et que je ne sors jamais sans m'être parfumée abondamment. Vu mon physique, et vu ma nature introvertie, on attend de moi que je sois fade, sans relief, sans originalité. Et je suis tout le contraire. Ca perturbe. Ca fait grincer des dents, quelques fois. Et moi...eh bien...d'une certaine façon, je crois que ça m'amuse.

     

    Et puis, pour être franche, cet accoutrement complète bien le masque que je porte dès que je sors de chez moi... C'est un peu mon uniforme, ma seconde peau, celle que je peux enlever sitôt la journée terminée... Et je crois bien que c'est pour ça que j'y tiens autant !


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    J'ai croisé cette image sur FaceBook, sur un groupe Américain dédié à Asperger, et j'ai eu envie de le reprendre à mon compte parce que je trouve qu'il résume l'essentiel... Je vais donc détailler les pictogrammes en commençant par le tout premier, en haut à gauche.

    1/ inappropriate laughing or giggling / rire ou gloussement non approprié : le drame de ma vie. Quand quelqu'un me raconte quelque chose de triste, je dois rester focalisée sur l'idée que c'est triste. Si je l'oublie, ou si je manque l'indice qui m'aurait indiqué que c'est vraiment triste, je risque au mieux d'avoir l'air indifférente, au pire de rigoler au moment où j'étais censée avoir l'air triste. Les minutes de silence sont un vrai cauchemar pour moi, j'ai intérêt à garder les yeux rivés sur le sol, et à ne surtout pas laisser mon esprit dériver !!

    2/ no real fear of dangers / pas de peur (de conscience surtout) du danger : ce petit pictogramme m'a immédiatement parlé quand je l'ai vu. Car il m'a rappelé des comportements que j'avais (que j'ai encore parfois) quand j'étais gamine. J'ai toujours eu une façon très particulière de traverser. Oh, je ne traverse jamais en-dehors des "clous", je suis très disciplinée là-dessus...MAIS si j'ai décidé que j'avais parfaitement le temps de traverser, alors même que des voitures arrivent, parce que dans ma tête il est évident que les dites voitures vont s'arrêter...bah je traverse. Je me suis vue traverser d'un trait un immense passage pour piéton paumé au milieu d'une nationale ultra fréquentée dans la banlieue de Tours... Et j'ai failli me faire renverser plus d'une fois quand j'étais adolescente... 

    3/ apparent insensibility to pain / manque de sensibilité à la douleur : le gros paradoxe ! Je suis douillette pour des petits bobos, et totalement insensible aux grosses douleurs. J'ai découvert que c'était quelque chose qui se retrouvait fréquemment chez les Asperger... Je peux hurler à la mort quand je me coupe avec une feuille de papier. Hier, je me suis coupée en ouvrant un carton, c'était le drame absolu, il m'a fallu un pansement tout-de-suite-maintenant... Il y a deux ans, j'ai bêtement trébuché dans la rue. Toute seule. Comme une grande. Et comme je n'ai AUCUN réflexe, je ne me suis pas protégée. Au lieu d'essayer d'épargner mon visage, j'ai voulu protéger mon sac et le téléphone qui se trouvait dedans. NO COMMENT. Je me suis retrouvée avec la partie droite du visage à vif, une énorme coupure au coin de l'oeil, une dent luxée (si si, ça existe !), une lèvre tuméfiée, bref, j'avais une drôle de tête. Le médecin, quand il m'a vue, a cru qu'on m'avait passée à tabac. J'ai eu 3 semaines d'arrêt. Des tas de comprimés contre la douleur, 3 radios, bref. Je n'ai avalé AUCUN anti-douleurs. Je n'ai pas eu mal DU TOUT. Et moi qui suis du style à ne pas supporter la vue d'une goutte de sang, je n'ai pas bronché en voyant mon visage scalpé. Cherchez l'erreur. Autre exemple plus ancien : quand j'étais gamine, j'ai été attaquée par de vilaines verrues plantaires (merci la piscine). Qu'il a fallu brûler à l'azote. J'allais chez le médecin tous les dix jours. Je ne bronchais pas, pour moi c'était désagréable mais sans plus, surtout parce que je ne pouvais pas marcher après. Mon père a eu l'idée bizarre d'adopter les mêmes verrues. Il est allé se les faire brûler, tout confiant, se disant que si sa fifille douillette ne bronchait pas, c'est que ça ne devait pas être bien méchant. Bah... Il s'en souvient encore !! Et ne comprend toujours pas pourquoi ça ne me faisait aucun effet !

    4/ May not want cuddling / peut ne pas vouloir faire de câlins : des câlins ? What an idea! Je DÉTESTE les câlins. J'ai toujours eu HORREUR de ça. Mais vraiment. Et les bisous. Oh my gosh, les bisous. De quoi me donner envie de m'enfuir au Pôle Sud.

    5/ Sustained unusual or repetitive play; uneven physical or verbal skills / jeux répétitifs ; compétences verbales ou physiques inégales : ahhhh les jeux répétitifs... Combien de fois j'ai entendu : "mais tu n'en as pas assez de jouer à ça ?"... Quand j'étais petite, je passais mes DEUX MOIS de vacances estivales à écrire. J'inventais des histoires, toute la journée. Je ne décollais jamais de ma chaise, sauf pour aller chasser l'escargot, ou pour regarder Rick Hunter à la télé. J'adorais aussi jouer aux petites voitures. Ou faire des puzzles (déjà !). Quant aux compétences verbales et physiques inégales... Le verbal... Bah... c'était du "verbal écrit", on va dire, car je parlais très peu, et qu'aux gens que je sélectionnais. Mais j'avais une excellente maîtrise du vocabulaire, de l'orthographe. J'étais du genre à lire le dictionnaire trois heures durant. Ou à faire des exercices de français toute seule, sans que personne ne me le demande. Et les compétences physiques... C'est simple, je crois qu'elles étaient -et sont encore- nulles. Je ne savais rien faire. Grimper aux arbres ? Faire du vélo ? Faire la roue ? Des pirouettes ? Nager ? Je n'ai jamais réussi à maîtriser tout ça. J'avais déjà du mal à faire mes lacets (j'ai mis facilement douze ou treize ans à maîtriser le truc !) et à ce jour je ne sais toujours pas tenir CORRECTEMENT un crayon ou une fourchette. Pendant longtemps j'ai cru que ça venait du fait que je sois une gauchère contrariée. Je n'en suis plus si sûre, désormais, car ces petits problèmes techniques sont fréquents chez les Aspies. Difficile donc de faire la part des choses !

    6/ May avoid eye contact / peut éviter de regarder les gens dans les yeux : c'est quelque chose que je peux faire, si je suis décidée (et généralement si je suis fâchée...auquel cas je fusille l'autre du regard...) mais que je n'aime pas. Clairement, si je peux éviter, ça me va très bien.

    7/ May prefer to be alone / peut préférer être seul : est-ce utile que je développe ? J'ai déjà pas mal parlé de mon rapport à la solitude ici ! Je ne me souviens pas avoir un jour ressenti l'envie, le besoin, le désir d'avoir de la compagnie...

    8/ Difficulty in expressing needs ; may use gestures / difficulté à exprimer ses besoins ; peut utiliser des gestes : ça m'arrivait souvent quand j'étais plus petite. Notamment quand il y avait d'autres gens que mes parents autour de moi. Ce qui me faisait passer pour une timide. Que je n'étais pas. Encore maintenant, si je suis contrariée ou fatiguée, je peux "perdre mes mots" et finir par résumer ce que je veux dire avec un geste.

    9/ Inappropriate attachments to objects / attachements inappropriés à certains objets : là encore, ça me parle, et pas qu'un peu. Bizarrement, je n'ai jamais eu de peluche fétiche, mais j'en avais DES TAS et il fallait qu'elles soient toutes disponibles quand je le voulais. J'étais aussi très attachée à certains objets. Il me fallait toujours le même type de mouchoirs sous l'oreiller, par exemple. Maintenant, j'ai tendance à toujours mettre la même bague, alors même que j'en ai des dizaines, et à avoir dans mon sac des trucs parfaitement inutiles mais que je dois avoir pour me sentir bien. Vers l'âge de 10/12 ans, je me suis démesurément attachée à un objet bizarre : le pistolet d'alarmé donné par mon grand-père. Ce n'était pas du tout un attachement affectif, ça n'avait rien à voir avec l'affection que j'aurais pu porter à mon grand-père (qui par ailleurs m'avait toujours beaucoup impressionnée !) mais c'était vraiment l'objet qui me fascinait. D'ailleurs il a passé de longues années dans le tiroir de mon chevet, et je ne m'en suis jamais débarrassée ! Je l'ai même emmené à l'école une ou deux fois, heureusement je ne me suis jamais fait prendre, ça aurait fait désordre ! Chez moi, je me promenais souvent avec, planqué sous les vêtements, et parfois même je le planquais sous l'oreiller. Pas pour me défendre d'une quelconque menace fictive mais parce que j'aimais l'objet pour ce qu'il était...

    10/ Insistence on sameness / insistance sur la ressemblance (ou la répétition, cette vignette-là n'est pas claire et le mot peut avoir deux sens) : pour le coup, si on parle de ressemblance, ça ne me correspond pas. Par contre, pour le côté répétitif, effectivement j'ai beaucoup de rituels... Pour le petit-déjeuner, le rangement des télécommandes, le coucher, le ménage... pour à peu près tout.

    11/ Echoes words or phrases / répétitions de mots de phrases (on appelle ça l'écholalie...) : figurez-vous que la première fois que j'ai entendu parler de cette particularité, je me suis dit : "ah tiens, ça, ça ne me correspond pas du tout !" Avant d'apprendre à m'observer dans les situations sociales. Et de me rendre compte avec horreur que, si, ça me correspond, et pas qu'un peu ! Si on me demande "bonjour, ça ?" je vais répondre : "bonjour, ça va ?"... Si on me dit "bonne soirée", je ne vais pas répondre "toi aussi" mais bien "bonne soirée". Le pire, c'est au téléphone (je maudis le téléphone !)... Ou le matin, quand j'arrive au boulot et que j'essaie de me surveiller pour ne pas ressembler à un perroquet maniaque.

    12/ Inappropriate response or no response to loud or unusual sond / réponse ou non réponse inapproprié aux sons trop forts ou inhabituels : arf. J'ai tendance à avoir les oreilles "qui traînent", et qui analysent tous les sons. Je peux vous dire à l'oreille si votre ordinateur a un souci. Je passe souvent pour une folle quand je dis "ah, tiens, il va bientôt falloir changer telle pièce de l'imprimante" juste parce qu'elle fait un bruit bizarre que j'ai associé inconsciemment à l'usure de la dite pièce. Mais je ne me trompe quasiment jamais. Quant aux sons trop stridents, ils me stressent horriblement. Les ambulances et les voitures de pompiers me font grincer des dents. Je peux faire un bond de dix mètres si un pétard claque à proximité, ou à l'autre bout de la rue. Ou si un marmot braillard passe en hurlant.

    13/ Spins or rocks self or objects / fait tourner ou balancer des objets...ou soi-même : je ne pensais pas non plus être concernée. Je ne me suis jamais balancée comme les autistes qu'on voit à la télé. Mais j'ai remarqué que je trichais. Je balance mon pied, souvent, quand je m'ennuie ou que l'angoisse monte (en réunion notamment). Et je fais tournoyer les objets genre crayons. J'ai notamment un tic, je prends souvent un crayon que je pose en équilibre sur le bout du doigt et que je fais se balancer. Mais ça reste plutôt discret.

    14/ Difficulty in interactions with others / difficultés à interagir avec les autres : hum. Comment dire ? Là encore je pense en avoir déjà parlé. Comme je l'ai déjà dit, gamine, je mordais les enfants qui avaient juste le malheur de vouloir jouer avec moi. Je ne recherche jamais l'interaction. Ce n'est pas spontané, et ça ne doit jamais durer longtemps.


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  • Série : In the After

    Tome 2  : In the End

    Auteur : Demitria Lunetta

    Genre : science-fiction / jeunesse

    Avis rapide : yes

    Résumé : Trois mois se sont écoulés depuis qu'Amy s'est échappée de New Hope. Depuis qu'elle a vu Baby ou Kay ou Ray pour la dernière fois. Elle survit seule, comme elle le faisait avant d'être "sauvée" et emmenée dans ce qu'elle croyait être un endroit sûr. Même alors qu'elle recherche de nouvelles provisions, la voix de son ancienne camarade Kay retentit grâce à l'oreillette qu'elle possède depuis son départ. Et, d'un ton désespérée, Kay lui murmure quatre mots, qu'Amy espérait ne jamais entendre : Dr. Reynolds détient Baby. Une course contre la montre démarre, car Baby est en grand danger, sa vie est menacée par le docteur qui a aidé à la fin du monde. Pour sauver la vie de Baby, Amy va devoir se rendre jusqu'à Fort Black, une ancienne prison transformée en une colonie de survivants où elle devra trouver Ken - le frère de Kay - car il détient la solution pour la survie de Baby. Mais avant qu'elle puisse faire quoi que ce soit, elle devra survivre dans le plus sombre des endroits. Le moindre faux pas coûterait non seulement la vie de Baby et d'Amy mais menacerait également la survie des gens dans le Monde d'Après.

    J'avais adoré mon incursion dans l'Après avec In the After. Et j'étais plutôt pressée de retrouver Amy et ses compagnons, notamment parce que je lis énormément de livres de ce type et que j'ai toujours peur de finir par m'emmêler les pinceaux si je tarde trop. Et puis bon, j'étais plutôt pressée de savoir ce qui allait arriver à nos héros !

    Je l'avoue, au départ, j'ai eu quelques doutes. J'ai cru voir surgir à l'horizon le schéma classique du triangle amoureux, et ça a commencé à me faire grincer des dents. Parce que bon, je ne sais pas trop si ça vient de la haine viscérale que je voue à la géométrie, mais moi, les triangles amoureux, ça me gonfle ! Donc quand j'ai vu surgir Jacks, et quand j'ai remarqué le comportement d'Amy, j'ai commencé à grogner. Puis...ouf, c'est passé ! Car l'auteur arrive à éviter la mièvrerie, et finalement on se rend compte que ce triangle s'efface plus rapidement qu'il ne se dessine ! Ouf ! La menace des Florae y est pour quelque chose : pas le temps de se la jouer Roméo et Juliette quand de vilains monstres dévoreurs de chair humaine vous menacent !

    J'ai adoré l'introduction de nouveaux personnages, même si j'ai trouvé Jacks un peu trop parfait, et le Surveillant un peu trop caricatural. J'ai détesté Tank, qui semble tout droit sorti d'un roman de Stephen King (et franchement je pense que si un lecteur parvient à l'apprécier, il faut ab-so-lu-ment l'expédier à l'hôpital psychiatrique le plus proche !) et j'ai tout de suite adhéré au personnage de Brenna.

    L'écriture est toujours aussi nerveuse, énergique, parfaitement adaptée à l'histoire. Et la fin est, à mon sens, parfaite ! L'auteur a réussi à mettre le point final à son récit, tout en laissant ses lecteurs libres d'imaginer la suite ! Encore une fois, je trouve le choix du diptyque très judicieux, et totalement appropriée à ce type de récit.

    J'avoue avoir une préférence pour le premier tome, mais dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié ce second et dernier volet.

     


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  • Ma jolie PALM de mai...

    Histoire d'essayer de trucider ma PAL (que j'ai renoncé à compter... Elle doit dépasser les 500 livres...) j'ai décidé d'instaurer un rendez-vous mensuel : la PALM. Ou Pile A Lire Mensuelle.

    Le principe ? Choisir les livres qui devront être lu en priorité dans le mois.

    Les livres non lus sur le mois seront automatiquement intégrés dans la PALM du mois suivant.

    Nous avons donc pour mai :

    Le Cauchemar de l'Epouvanteur, de Joseph Delaney

    Gone, tome 4 de Michael Grant

    Legend, tome 1 de Marie Lu

    Le Secret de l'Inventeur, d'Andrea Cremer

    Partials, tome 2 de Dan Wells

    Merlin, tome 1 : les années oubliées de T.A. Barron

     


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  • Pendant longtemps, j'ai cru que j'étais fainéante.

    Parce qu'en dépit d'un mode de vie routinier, ralenti, pas très dynamique, je suis très rapidement fatiguée. Une fatigue plus "psychique" que physique. Difficile à expliquer. Pas facile à voir. Souvent peu crédible, parce que même quand je me dis "crevée", en effet, je vais quand même me coucher tard, et que malgré tout je ne fais pas de grasse matinée le lendemain.

    Moi, dans mes bons moments !

    Maintenant, je commence à entrevoir une explication à cette drôle de fatigue. Quand je suis tombée sur différentes définitions d'Asperger, j'ai remarqué que beaucoup se plaignaient de la fatigue éprouvée après des interactions sociales prolongées. Miracle ! Cette fatigue décrite, c'est la mienne. Une impression curieuse d'être "vidée de toute énergie", au point de se sentir comme "transformée" en une sorte de zombie.

    Moi, dans mes mauvais moments !

    Je ne suis donc pas fainéante. Je suis Asperger. Nuance.

    Je comprends mieux pourquoi j'accorde tant d'importance aux weekends. Aux vacances. Pourquoi, petite, puis adolescente, je faisais des croix sur les calendriers, comme un prisonnier comptant les jours jusqu'à sa libération... Ma libération à moi, c'était les vacances. Je n'étais pas impatiente à l'idée de vivre plein d'aventures. Mes vacances idéales, c'est chez moi. Sans personne. Au calme. Je pars grand maximum deux fois par an, avec mes parents, et jamais plus d'une semaine. Toujours dans le même genre de cadre. Au bord de la mer. En gîte. Parce qu'il y a de la place et que c'est propice à l'isolement. Et franchement, ne pas partir ne me manquerait pas.

    Les vacances, pour moi, ça doit être une rupture totale avec cette dimension sociale que je subis (travail oblige) le reste de l'année. Là, je guette mes trois énooooormes semaines de congés, fin mai /début juin...et j'espère bien les vivre comme je l'entends, avec mon chien, mes livres, ma télé, mes puzzles et RIEN D'AUTRE !

    Ça semble sidérer pas mal de gens qu'on puisse rester chez soi et ne pas s'ennuyer. Sincèrement, "s'ennuyer", c'est un terme qui m'est totalement inconnu. Enfant, je passais mes deux mois de vacances estivales (ah, c'était le bon temps...) toute seule, sans voir personne. Je passais mes journées dans le jardin, à chasser l'escargot, à poursuivre des malfrats imaginaires armée de mon képi et de mon fusil en plastique. Ou bien j'inventais des histoires, assise pendant des heures à la table du salon. J'ai des cartons remplis de récits plus ou moins réussis, l'écriture est et restera une de mes grandes passions. Plus tard est venu le temps de l'informatique, avec mon premier ordinateur, un Amstrad 6128 + (un dinosaure, pour l'époque actuelle !)... Autre passion qui me poursuit toujours ! Je faisais des puzzles, aussi. J'en fais toujours, mais je ne les conserve plus, l'appartement n'a pas assez de murs pour les accrocher tous. Et puis je regarde des séries. Beaucoup. En Anglais uniquement. Je suis autodidacte, j'étais très mauvaise en Anglais pendant ma scolarité, le côté "par cœur" me rebutait. Maintenant je peux lire un roman complet en Anglais sans dictionnaire, et je regarde tous mes DVDs en Anglais, souvent avec les sous-titres Anglais pour intégrer plus facilement de nouveaux mots. Je joue aux jeux vidéos. J'adore les Sims. Oui, j'ai 33 ans et je peux passer cinq heures à jouer aux Sims ! Même pas honte ! (mais même dans ce jeu, mon manque d'intérêt pour la vie sociale attire des soucis à mes pauvres Sims qui dépriment vite !!)

    Mes journées me paraissent toujours trop courtes. Vacances ou pas. Pendant très longtemps (11 ans), je n'ai travaillé que cinq heures par jour (pas par choix, parce que c'était imposé par mon contrat...) et pourtant j'avais le sentiment de manquer de temps. Sentiment encore plus accentué maintenant que je suis à temps complet. Alors que je n'ai aucune corvée. Pas d'enfants à élever. Pas de mari à distraire. Pas d'amis à recevoir. Pas d'activités extérieures.

    Si j'avais une baguette magique, c'est évident que le premier de mes vœux serait de transformer les journées de 24 heures en journées de 72 heures. Minimum. (Bon, on peut aussi remplacer la baguette magique par un TARDIS...)


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  • J'ai hésité un moment avant d'aborder le sujet sous l'étiquette Asperger. Parce que bon, je savais que je resterais "nullipare" (quel vilain mot !) avant même de savoir que je faisais partie du clan des Aspies ! Cependant, je pense que ma façon d'envisager la chose est quand même intimement liée à mon Asperger, donc voici un petit article pour aborder le sujet.

    Mais d'abord... Être nullipare, c'est quoi ? Si on en croit mon ami Wikipédia : "Une femme est dite nullipare lorsqu'elle n'a jamais accouché." Mouais. En gros, une femme nullipare, c'est une femme qui n'a pas eu d'enfants. Voilà, c'est dit.

    Et comme je suis une horrible personne, chez moi c'est un CHOIX. Un vrai. Assumé. Et ce depuis...euh...toujours ?! Sérieusement, je me souviens que dès 5 ans je répétais à qui voulait l'entendre que je n'aurais jamais ni enfants ni mari. Alors évidemment, à cet âge, ça faisait sourire, voire même franchement rire ! On s'obstinait à me filer des poupées à chaque Noël, je les décapitais au bout d'une heure, mais l'année suivante, rebelote, on m'offrait d'autres poupées ! Plus les années passaient, plus je le répétais, et plus ça riait jaune ! Adolescente, je n'en démordais pas ! Je me souviens que ma mère était ravie de me voir revenir de l'école avec deux petites voisines qui avaient décrété que j'étais leur copine et qui ne voulaient plus rentrer qu'avec moi. Elle devait y voir le signe d'un revirement souterrain. Mais non. Je n'ai jamais douté un seul instant de ce non-désir.

    Je pourrais sortir des excuses travaillées, limite mélodramatiques. "Ah, mais mettre un enfant au monde dans cet environnement malsain, pollué, imprégné de violence, c'est maaaaaal !" Ou jouer l'éplorée de service. "Snif, je n'ai pas encore rencontré mon prince charmant, comment voulez-vous que je sois maman ?!" Ou encore me faire passer pour une douillette. "Rien que d'imaginer l'accouchement, aaaaaaaaaaah je défaille !" Mais je n'ai AUCUNE excuse de ce genre à fournir. Vraiment aucune.

    La seule vérité, la vraie, la mienne, c'est que je n'ai PAS ENVIE. Là. Point barre.

    Mais évidemment, personne n'arrive à se contenter d'une réponse pareille, pensez donc ! C'est "anormal", toutes les femmes "ont l'instinct de procréer", "on ne devient une femme qu'en devenant mère", blablablablabla. Avec tout ce que j'ai entendu sur le sujet, j'aurai de quoi remplir une encyclopédie. En deux volumes, en plus.

    Il parait que ça fait de moi une vilaine égoïste. Ce à quoi je réponds : et puis ?! Je préfère être une égoïste sans enfants, plutôt que de pondre deux ou trois marmots pour être dans la norme et les rendre malheureux ! Et là, bien évidemment, on me sort : "Mais qui te dit que tu les rendrais malheureux ? je suis sûr que tu serais une maman formiiiiiiidable !" Ah bah tiens, comme c'est facile ! Et les numéros gagnants du Loto, on me les prédit quand ?! Donc en gros : je ponds le(s) marmot(s) et seulement après je m'inquiète de ce que j'en fais. Hum hum. Et s'il s'avère que je n'ai aucun instinct maternel, je les revends sur le Bon Coin ?? Désolée, je deviens cynique ! 

    Je me rappelle d'une conversation surréaliste avec une bonne femme qui était venu faire un stage-express d'une semaine. La cinquantaine. Frisée comme un mouton. On l'appellera d'ailleurs Mme Mouton. C'était du temps où je faisais encore semblant d'être sociable, j'allais donc déjeuner au restaurant administratif le midi. Mme Mouton s'était incrustée. Elle était horriblement bavarde, la voix haut perchée, bref, les collègues, fort courageusement, s'étaient sauvés sitôt le repas terminé. Moi, j'étais restée pour prendre ma dose de caféine. Mme Mouton aussi. Sont arrivées les questions hautement prévisibles, sur le "petit copain" (j'avais dans les 23 ans...) et le reste. Comme je lui disais que j'étais très contente d'être célibataire, elle m'a dit que "quand même, tu dois être pressée de devenir maman !". Et comme je suis du style à ne pas faire dans la dentelle quand ça m'énerve, je lui ai rétorqué que, non, justement, je ne voulais pas d'enfants. Sacrilège, horreur, enfer et damnation ! Je lui aurais avoué être la fille cachée de Ed Kemper que ça n'aurait pas été pire. Et là est arrivée la phrase qui restera pour un moment encore au hit-parade des phrases les plus débiles du siècle : "Mais tu te rends compte, c'est égoïste, tu vas priver tes parents de la joie d'avoir des petits-enfants !" Euh. Comment dire...?! Je ne sais plus trop ce que j'ai aboyé en retour, je sais juste que la dame m'a soigneusement évitée pour le reste de son stage. Sérieusement ?! Pour ne pas priver mes parents de la joie d'avoir des petits-enfants, je devrais donc pondre un marmot ou deux, sans en avoir envie, juste pour ne pas être égoïste... Oui oui oui. Et la marmotte, qu'est-ce qu'elle fait, la marmotte ??

    Je reconnais que j'adore ma vie de grande gamine. Bon, ok, c'est une vie de grande gamine pas sociable à tendance ermite, mais c'est loin d'être une vie d'adulte. Les corvées, je les fuis. Les obligations, idem. Les responsabilités, au secours. Je lis des bouquins pour ados, je joue à la console, je fais des puzzles, je chantonne des histoires de lapins qui ont tué un chasseur et d'éléphants qui se balancent sur les balançoires, j'adore regarder des trucs-qui-font-peur et me planquer sous la couette après... Je ne me projette pas DU TOUT dans une vie de famille. Partager mon espace avec un homme : no way! Construire sa vie autour des besoins d'un enfant : non merci ! J'aime trop mon indépendance, ma liberté, je serais foncièrement incapable d'y renoncer ! Et là on me dit : "mais qui te parle de renoncement ?! Tu sais, tes enfants ne seraient pas avec toi 24 heures sur 24 !" Alors oui, autour de moi j'ai des exemples de donzelles qui laissent les marmots à droite à gauche, qui leur fourguent même des calendriers pour les vacances d'été, histoire que le gnome sache que lundi il est chez tata, mardi chez papy, mercredi chez la Copine Chose. Euh. Oui mais non. Avoir un enfant, pour moi, c'est s'en occuper, et pas s'en débarrasser aussi souvent que possible pour avoir la paix !

    Bien entendu, on m'a prédit que je le regretterai ! J'ai longtemps cru qu'on me ficherait la paix quand je serai bien installée dans ma vie et que mon bonheur serait visible. Erreur ! J'avais perdu de vue un truc essentiel. Une menace terrifiante. La fameuse, horrible, atroce, épouvantable... HORLOGE BIOLOGIQUE ! Avec des Majuscules Partout, si si, parfaitement !

    Quand j'étais gamine, on s'attendait à ce que j'aie peur du monstre caché sous le lit et du Grand Méchant Loup. Maintenant que je suis adulte, je devrais trembler d'effroi devant cette vilaine HORLOGE BIOLOGIQUE. Brrrr...

    Oui mais non. Décidément, je suis contrariante, mais il m'en faut plus pour me flanquer la frousse. Sous prétexte que je POURRAIS éventuellement regretter de ne pas avoir eu d'enfants à 50 ou 60 ans, je devrais en avoir MAINTENANT, alors que je n'en ai pas ENVIE et que si on me donnait le choix entre me jeter du haut de l'escalier ou avoir un marmot, je me précipiterais sans hésiter vers l'escalier le plus haut et le plus biscornu. J'exagère, mais pas tant que ça !!

    Je passe sur les arguments médicaux. Ne pas avoir d'enfants augmenterait les risques de cancer du sein. Mouais. D'une, rien ne le prouve scientifiquement. De deux, je ne vais quand même pas avoir un marmot pour éviter (hypothétiquement) le grand vilain Crabe !!

    Le pire, c'est que j'avais souvent l'impression que l'argument suprême est : "mais tu vas vieillir SEULE, du coup !" Comme si le fait d'avoir des enfants était la garantie absolue du contraire ! Ma mère travaille auprès des personnes âgées. 90% d'entre elles ont des enfants. Qui passent les voir une fois l'an. Qui emmènent Mamie sur la tombe de Papy pour y déposer un chrysanthème (payé par Mamie...) à la Toussaint. Qui viennent à Noël avec les petits z'enfants pour quémander des étrennes. Certes, je fais des généralités, mais ça existe, et plus souvent qu'on ne le croit. Quant aux 10% qui restent... Eh bien ce ne sont pas les plus malheureux, parce qu'ils savent depuis toujours à quoi s'attendre. Attention, je parle bien de ceux qui n'ont pas voulu d'enfants, pas de ceux qui n'ont pas pu en avoir. Le ressenti n'est forcément pas le même... La plupart des gens qui n'ont pas voulu d'enfants sont jalousés par les autres, parce qu'ils ont généralement une vie plus confortable. Comme toujours, ceux qui tombent dans le piège de la comparaison critique oublient juste l'essentiel : les enjeux ne sont pas les mêmes ! Un couple qui élève deux ou trois enfants aura forcément plus de dépenses à couvrir. Une maison plus grande. Plus d'argent à injecter dans le poste alimentation. Des assurances plus chères. Des frais de scolarité, de garde, d'habillement, de loisirs, de santé. Un enfant, ça coûte cher, et tant pis si énoncer ce genre de vérité me vaut la damnation éternelle. Et puis souvent, les couples sans enfants ont eu davantage d'occasion de se concentrer sur leurs carrières respectives... Ils étaient plus disponibles, plus aptes à bouger, moins fatigués aussi. Tout ça, mine de rien, ça aide !

    Alors oui, évidemment, un couple sans enfants vit souvent confortablement. Et puis ? Il est quand même amusant de constater que ceux qui les jalousent sont généralement les mêmes que ceux qui disent qu'ils n'auraient jamais pu vivre sans enfants ! Mais alors, à quoi bon jalouser ?

    Imaginez donc mon cas : non seulement je ne veux pas d'enfants, non seulement je suis célibataire et décidée à le rester, mais en plus je suis propriétaire du toit que j'ai au-dessus de la tête et je suis fonctionnaire !! Et puis j'ai le malheur d'assumer le fait que je suis très attachée à mon petit confort ! Rhooooo !

    Je ne revendique pas du tout mon non-désir d'enfants.  Je ne critiquerai jamais, au grand jamais, les femmes qui ont des enfants. Je ne les envierai jamais non plus, c'est certain. Mais je voudrais bien qu'on reconnaisse que ne pas vouloir d'enfants est un DROIT et que ça n'a rien de honteux. J'aimerais surtout qu'on arrête de se livrer à des psychanalyses de pacotille sur les femmes qui, comme moi, ont juste fait le CHOIX de ne pas devenir mères ! Elles n'ont tué personne, elles n'ont rien subi d'horrible dans leur enfance, elles ne sont pas dépressives, elles ne manquent pas de confiance en elles, elles n'ont juste pas ENVIE !

    Je sais que mon manque d'intérêt pour les enfants des autres n'arrange pas ma réputation. Mais que voulez-vous, je ne sais pas faire semblant ! Je ne peux pas m'extasier devant un nourrisson. Ni devant les progrès d'un enfant. Je ne veux pas d'enfants à moi, ce n'est pas pour tomber en amour devant les enfants des autres ! Mais les enfants, c'est comme les chats : manifestement, moins vous prêtez attention à eux, et plus ils sont décidés à vous adopter ! L'an dernier, une petite fille s'est accrochée à moi dans un magasin, elle ne voulait plus retourner voir sa mère (qui était un peu verdâtre, pensez donc !) et elle avait décidé que j'étais sa grande copine. Oups.

    Précision utile : beaucoup de femmes Asperger ont un désir de maternité ! Je ne suis pas du tout représentative en ce sens, même si je pense que ma façon de rationaliser la chose est quand même liée à mon Asperger. Les femmes Asperger se posent souvent beaucoup de questions sur la maternité et sur leurs capacités à être mères, mais je pense vraiment que mon non-désir d'enfants est plutôt lié à ma personnalité  qu'à mon Asperger... J'ai essayé de reconsidérer ma position après mon pré-diagnostic et j'en suis venue à la conclusion que je n'avais décidément pas envie de fonder une famille ! Nullipare je suis, nullipare je resterai !


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