• Un monde d'autruches !

    Attention, invasion autruchesque !

     

    Ces derniers temps, j'ai réalisé quelque chose d'un peu inquiétant : nous sommes envahis par les autruches ! Non, ne sautez pas sur le téléphone pour appeler l'asile, je ne suis pas victime d'hallucinations bizarres...mais simplement, j'ai pris conscience d'une chose : dans la vie, il y a deux types de personnes : les gens "différents" (dont je fais clairement partie...) et ceux qui se transforment en autruches pour ne pas voir cette fameuse différence.

     Autour de moi, visiblement, il y a une sacrée collection d'autruches.

     

    Déjà, j'ai toujours été sidérée par une chose : la bêtise de tous les psychologues et autres médecins scolaires que j'ai croisés durant mes années d'école, de collège et de lycée. Il y aurait beaucoup à en dire, mais pour résumer l'affaire, ils ont toujours cherché à me faire dire que mes supposés problèmes venaient de ma famille. Aberrant. Il aurait fallu que je leur dise que ma mère était dépressive (ils sont allés jusqu'à le noter dans mon dossier scolaire, alors que je n'ai jamais rien dit dans ce sens et que ma mère n'a jamais fait l'ombre d'une dépression de sa vie...) et/ou que mon père, qui avait le malheur d'exercer une profession de "grand vilain pas beau" (surveillant pénitentiaire, voyez l'horreur !) m'attachait au radiateur pour m'empêcher de sortir m'amuser avec les autres... Je n'invente rien. Malheureusement. Je me rappelle que je devais avoir 12 ou 13 ans la première fois que j'ai aboyé sauvagement contre une infirmière scolaire qui voulait absolument me faire avouer que mon affreux papa m'interdisait de sortir "parce qu'avec tout ce qu'il doit voir, il doit avoir peur qu'il t'arrive quelque chose"... Ce à quoi j'ai répondu aimablement (ou pas) qu'au contraire mon père aurait adoré me voir agir comme tous les enfants de mon âge et qu'il était un peu désespéré par mon côte huître attachée à son rocher. Visiblement, tous ces "spécialistes" trouvaient plus simple de me "victimiser" que d'envisager le fait que mon comportement puisse être "naturel" chez moi... Personne n'a jamais suggéré que je puisse avoir un "trouble du comportement"... Non, les coupables étaient mes parents, c'était tellement plus simple comme ça. Ma mère me couvait trop, mon père ne voulait pas que je sorte, quelles jolies explications ! Ces allégations mensongères m'ont suivie durant TOUTE ma scolarité. En Terminale, alors que j'allais voir l'infirmière scolaire pour faire valider une dispense de sport, j'ai découvert avec stupeur que ces horreurs figuraient noir sur blanc dans mon dossier médical. La pauvre infirmière en face a eu le droit à un résumé complet de ce que j'en pensais, surtout qu'elle m'a accueillie avec un "alors, à la maison, ça va mieux maintenant ?" qui ne lui a pas du tout valu les félicitations du jury... Ces autruches-là, soit dit en passant, sont les plus dangereuses, car en enfonçant bien profondément leurs grosses têtes dans le sable, elles provoquent aussi une belle envolée de poussières qui peuvent faire de sacrés dégâts si on ne prend pas garde à les balayer tout de suite !! (mentionnons aussi au passage que pendant qu'elles cherchaient la petite bête de mon côté, elles oubliaient de s'occuper des camarades qui, eux, avaient de réels problèmes, du style parents maltraitants... Je me rappelle notamment d'une petite camarade de primaire, battue par son père... c'était de notoriété publique, il y avait des traces qui le prouvaient, mais là, évidemment, les autruches restaient sagement dans leurs nids...)

     

    J'ai croisé d'autres autruches tout au long de mon parcours, mais je pensais que le défilé s'arrêterait une fois que j'aurais fait mon "coming-out" pour prendre un terme à la mode. J'ai hésité un moment avant de parler de ma "découverte", à savoir de mon Asperger. Je pensais que ça forcerait les autruches (celles qui me répétaient, le bec toujours enfoui dans le sable, que je n'étais différente que "parce que ça me plaisait" ou que je devais "me secouer si je voulais évoluer") à admettre que, non, la différence n'est pas forcément un choix et qu'on peut difficilement lutter contre sa nature. Je pensais aussi que ça ferait taire les médisants, les dramaturges en herbe, ceux qui continuent à me répéter que, forcément, je souffre de ma condition, que j'aurai des "tas de regrets plus tard", que je ne peux pas "être heureuse comme ça"... Je pensais naïvement qu'en leur mettant sous le bec la preuve que cette différence-là empêchait justement toute comparaison crédible entre LEUR vie et la MIENNE, ils me ficheraient la paix.

     

    C'est beau l'espoir.

     

    La première autruche en chef, c'est ma propre mère. Le comble. Après avoir écouté mon discours sans broncher, elle a reconnu du bout du bec que, effectivement, le tableau "clinique" correspondait bien à ma vie. Elle m'a même dit que, petite, un psy avait suggéré que je puisse être autiste, avant de laisser tomber l'hypothèse dans la mare aux canards (histoire de poursuivre la métaphore volatile) parce que j'avais un développement normal (à l'époque je suppose qu'on ne voyait que l'autisme de base, pas les syndromes de type Asperger)... J'étais contente, pensez donc ! Sauf que...le lendemain, changement de programme : ma mère est revenue sur son idée. D'après elle, Asperger, c'était juste une étiquette de plus que je cherchais à porter, pour "ne pas me remettre en question", parce que "c'était plus facile que de reconnaître mes problèmes et d'y remédier"... Bref, changement de cap complet. Retour à la case départ.

     

    J'en suis donc venue à cette conclusion étonnante et pas trop rassurante : notre monde est envahi d'autruches, qui n'ont visiblement aucune envie de comprendre la différence, ou d'admettre qu'elle n'est pas choisie.

     

    Histoire de me venger, je pense à me faire une omelette géante. Avec un oeuf d'autruche.

     Courage, fuyons !

     

     

    PS : aucune autruche n'a été malmenée au cours de la rédaction de cet article...

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 24 Avril 2015 à 10:40
    Elora

    Ah oui, les autruches... Ces fameuses autruches.... Quand j'étais plus jeune, j'étais particulièrement maigre... Imagine ce que j'ai pu entendre ! Mes parents ne me nourrissaient pas, j'étais anorexique... Bref. Alors que je m'enfilais une plaque de chocolat avec du coca tous les soirs en rentrant de l'école ! ^^

     

    Après, il a suffit que quelqu'un raconte que j'étais bipolaire pour que tout le monde plonge. Ma mère la première. Qui m'a tiré de force chez un psychiatre pour me faire soigner en me disant que c'était ça ou l'HP ! -_-

     

    J'ai aussi entendu dire que si mon ex me frappait, c'est parce que j'étais dépressive.... Euh ? Il me frappait et j'étais censée aller bien ??? LOL !

     

    Bref, je vois, je vois

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